Chambre d'Halewyn

Comme nous disions donc, au bout du corridor  se situe la chambre d'Halewyn. 4 mètres par 4 mètres, Un lit simple mais confortable et spacieux, fait pour sa taille par ses soins, en modifiant le lit double qu'il partageait avec Fabre. Une cheminée dans laquelle crépite un bon feu. Un mannequin dans un coin qui reçoit son armure de patrouille et son manteau. Un coffre en ébène tout simple servant aussi de banc. Et la sempiternelle meurtrière tenturée de cuir huilé pour couper du froid.



Aux murs, révélant son sens artistique et une délicatesse inconnue de la majorité des gens, des plaquettes de bois brut sur lesquelles sont sculptées avec une finesse et un réalisme saisissant. Son père, sérieux, en train de donner des ordres, Sa mère chevauchant un kelpie ;a bride abattue, Morgane qui fait le jars, Fabre qui regarde un livre, Robin qui escalade, Arch qui bricole, Il y en a d'autres aussi, Noirais qui sont chers à son cœur, créatures mythologiques, même des paysages.



Et, dans son coffre, cachés tout au fond, les premières interprétations de ses cauchemars.

Muelle cogna légèrement, à tout hasard, pour vérifier… Parce que même Fabre affichait des dehors plus facile et qu’elle n’avait aucune envie de devoir expliquer une incursion… Sans réponse, elle se glissa dans la chambre. Il y faisait noir et froid. On aurait dit que personne ne vivait là… Rassurée, Muelle laissa la porte ouverte pour que la lumière du corridor pénètre à l’intérieur et chercha de quoi allumer un feu dans l’âtre.

Dans cette pièce-ci, il n’y avait pas de lambris pour isoler les murs de pierre nu. Instinctivement Muelle y laissa glisser ses doigts. Sa figure caramel se plissa douloureusement. Parce que les pierres témoignent.

Un cadet n’use pas de la magie des pierres. Sa magie se limite à imprégner ses pierres personnelles et à amasser du pouvoir. Pourtant Muelle savait exercer la lecture et elle ne s’en priva pas.

La détresse d’une âme tourmentée. Fêlée, douloureuse, isolée. La peur… Une peur plus profonde que la sienne…

Muelle retira ses empreinte de la pierre et se frotta les mains sur sa chemise. Les djinns sont sensibles aux émotions humaines. Celles-ci lui étaient difficilement supportables. Elle déposa son sac par terre, contre le coffre dont elle fit un rapide inventaire tandis qu’elle admirait les œuvres laissées à sa vue. Tant de sensibilité… Pas étonnant qu’il soit tellement… Tellement lui-même...

La métisse secoua la tête, submergée par des impressions contradictoires. Phil avait toujours été là pour faire le tri, pour la guider, pour l’épargner. Elle était fatiguée, réalisa-t-elle, en lorgnant vers le lit. Arch lui avait assuré qu’il serait de la garde de nuit… Muelle se glissa sous l’édredon et s’abandonna au sommeil.

Halewyn arrive deux heures plus tard, avec deux pleins seaux de charbons. Il s'est fait relever pour cette nuit, ayant dans son idée de sculpter tout en gardant une oreille sur ses nouvelles soeurs, des fois qu'il y aurait un problème. D'ailleur, il s'arrête devant la chambre des filles, envisage la porte d'un air étrange, dubitatif, avant de déposer un de ses seaux sur le pas de la porte, visible mais en même temps hors de portée des orteils malchanceux.

Silencieux, il se glisse jusqu'à sa piaule et ouvre la porte. Puis se fige, saisit. Habituellement, c'est noir, froid et rébarbatif. Cette nuit c'est chaud et relativement lumineux. Il se passe une main dans le visage, figurant que ca doit être Doreah, sa maitresse, qui s'est mise dans la tête de lui faire une surprise. Mais quand ca lui prend à elle, il y a des vêtements partout. La, que dalle.

Prudent, Halewyn se glisse dans la pièce et dépose son seau. Il ne remarque pas le sac de la métisse, qui est noyé dans un recoin d'ombre. Plutôt, son regard gris se pose sur le poignet de la dormeuse qui dépasse de ses couvertures.

Doucement, le jeune homme se débarrasse de ses cimeterres, sa dague et tout son attirail. enlève sa chemise et reste en chausses et en bottes. Dubitatif, il reste ainsi, dos au foyer, face au lit... réfléchit longuement au fait que ici c'est son seul refuge, il n'a même pas droit au dortoirs. Tous les autres l'ont cantonné ici, à part, au bout du corridor ou personne ne peut l'entendre. Pour ne plus l'entendre... Et maintenant qu'il a été cantonné malgré lui à part, il y a une intruse dans son lit?

Le grand gaillard s'accroupit et empoigne le rebord du matelas. Puis, d'une voix baveuse:

Coucou là dedans!

Avec un grognement, il soulève le bord du matelas et le renverse, coincant Muelle entre le sommier, le mur et le matelas. Puis, pour faire bonne mesure, il grimpe sur le dit matelas et s'y asseoit avec fracas. 180 livres de pur guerrier boudeur.

Tu fais dans ma piaule la Daee?  

Lance t'il à sa prisonnière improvisée

De longs os fins. Personne n’a jamais menacé son sommeil. Dès son plus jeune âge, Phil l’a saoulé de chaleur humaine. Il l’a lié à lui avec l’aval de sa famille, pour la rendre dépendante. Muelle n’a jamais dormi seule de sa vie. Jusqu’à ce qu’on la réveille…

La métisse ouvrit les yeux, leur lueur surnaturelle illuminant son visage d’un feu doré. Une signature. Il n’avait jamais vu rien de tel avant cet après-midi-là. Daee, une métisse…

Muelle roula sur elle-même, les draps et la couverture s’enroulant étroitement autour d’elle avant de tomber lourdement dans l’espace libéré par le matelas et de s’y faire écraser.

- HUMPF! Elle reconnait Halewyn. Son ton, son expression baveuse, hâbleuse… Et puis c’est sa chambre. Tu m’écrases!! Fit une voix assourdie de sous l’empilement. Laisse-moi sortir! Arch a refusé de me laisser dormir avec lui… Il m’avait dit que tu ne dormais pas là!

Elle remue là-dessous, cherchant à se libérer malgré le rapport de force évident.

HUMPF! Tu m’écrases!! Fit une voix assourdie de sous l’empilement. Laisse-moi sortir! Arch a refusé de me laisser dormir avec lui… Il m’avait dit que tu ne dormais pas là!

Le matelas grince, grouille un peu, avant de s'alléger notablement. Halewyn chope le premier truc qui dépasse, à savoir une cheville et la tire de là, la laissant choir avec fracas sur le sol, dans le petit espace entre le foyer et lui, qui est devant la porte de sortie. 

 Sa chante encore dans sa tête et ca l'empêche de penser convenablement. Il la laisse reprendre ses esprits au sol, paré cependant à toute éventualité. Il l'a  vue à l'oeuvre avec Pier.

Me demander directement t'a jamais traversé l'esprit? Putain j'étais là vla deux heures... Daee t'es une garce et une profiteuse... Une squatteuse.

Termine t'il en un grondement féroce. L'empoigne solidement par ce qui passe pour la relever, décidé à en finir avec l'intruse. 

C'est ma piaule ... Et t'en a profité pour fouiller partout!?

Muelle se ramassa sur elle-même l’empêchant de la relever, repoussant ses mains d’une avalanche de taloche.

- Bas les pattes! Hurla-t-elle, d’un timbre autoritaire.

Elle se releva elle-même, essayant de garder ses distances dans l’espace exiguë. Dressée là dans sa chemise de nuit, un rose vif teintait ses joues caramel. De la colère contenue par un effort de volonté bien visible. Une métisse insultée.

- Parce que voilà 2h, je ne savais pas que je ne pouvais pas dormir avec Xoramen! Et Arch m’avait dit que la place était libre! J’ignorais que tu allais revenir!

Elle mit ses poings sur ses hanches, pointa le menton haut.

- Pourquoi tu me traites de garce et de profiteuse? J’ai même pas fouillé dans tes affaires! Mentit-elle… Avant de se rappeler que les Redinems savent reconnaître la vérité. Elle changea immédiatement de tactique, usant de ce qu’elle avait découvert. Et même si j’avais effectivement fouillé, à ta place, ce n’est pas pour le contenu du coffre que je m’inquiéterait! laissa-t-elle entendre, ses yeux d'or brulant comme un brasier couvert.

Parce que voilà 2h, je ne savais pas que je ne pouvais pas dormir avec Xoramen! Et Arch m’avait dit que la place était libre! J’ignorais que tu allais revenir!

Elle mit ses poings sur ses hanches, pointa le menton haut Les poings sur les hanches, le menton baissé vers elle, le gris des prunelles du Redinems sont le pur reflet de ce qu'il est: Furax, 


Personne t'a montré à vivre toi coudonc? T'aurais aimé ca me trouver dans ta piaule? .

- Pourquoi tu me traites de garce et de profiteuse? J’ai même pas fouillé dans tes affaires! 


Mensonge, pur mensonge, les narines de Hale s'évasent et il redresse brusquement la tête dans une expression féroce qui sera la sienne propre dans plusieurs années. Muelle semble s'apercevoir que c'est la mauvaise réponse. Les mains de Hale ont un spasme, retenant les envies de meurtre qu'il a. Dans la pénombre, il est difficile de distinguer l'air des protagonistes. 


 Et même si j’avais effectivement fouillé, à ta place, ce n’est pas pour le contenu du coffre que je m’inquiéterait! l


Ah wais???? Je devrais plus m'inquiéter de quoi au juste? A ce que je sache, avant cette nuit, personne a jamais eu à verrouiller quoi que ce soit de sa vie. 

Et cette musique, à ses oreilles, l'empêche d'entendre convenablement la réponse de Samuelle.

Muelle inspira, s’apprêtant à lui répondre vertement sur ce qu’elle savait de ses rêves et ses cauchemars, puis se ravisa. Si elle lui disait ce que lui avait révélé les pierres des murs, elle ne sortirait pas vivante de la pièce, sœur, garce, profiteuse, squateuse, peu importerait. Une intuition, comme ça… Elle devait trouver un autre angle d’attaque.

Ses yeux d’or réduit à deux minces fentes, la métisse réfléchit. Il est en colère, il cherche la confrontation et ne la laissera pas gagner la porte. Inutile de lui dire qu’il devrait s’en prendre à Arch, pas à elle. Et puis c’était vrai, avant cette nuit la montagne noire n’avait abrité aucun Daee ni aucune tête de la chimère. La magie n’était pas populaire dans le Cercle de Haute-Pierre. Il s’agissait de circonstances exceptionnelles.

- Tu sais quoi? On échange… Va dormir dans ma chambre avec Xoramen, elle te tiendra chaud, et moi je resterai sagement ici. Parce que si effectivement il n’est pas utile de verrouiller la porte, je voudrais bien savoir pourquoi je devrais dormir avec qqn qui barbouille la porte de sortilèges de protection! Elle lui laissa une seconde pour assimiler ce qu’elle venait de dire, et poursuivit : Non? Ah c’est bien ce que je croyais…

Elle ramassa son sac à dos et l’endossa.

- Maintenant pousse toi, goujat! Fit-elle en s’arc-boutant des deux mains sur sa poitrine. J’vais aller voir ailleurs et trouver qqn d’assez généreux pour me laisser dormir avec sans en faire tout un plat!

Dormir avec...!?

D'étonnement, les yeux d'Halewyn s'agrandissent. Il prend les délicats poignets qui le poussent et les éloigne de lui. Fermement mais doucement, comme il n'en croit pas ses oreilles.

Dormir avec moi? T'es tu malade Daee? Personne a plus jamais voulu dormir avec moi depuis ma 14e année.On te la sûrement dit, je rêve trop fort pour le commun des mortels.

Puis, de malice, ils se plissent. L'azur prend une teinte légèrement verdâtre. mais, dans la pénombre ne le remarque t'elle sûrement pas. Il décide de lui faire payer son intrusion en lui imposant la pire des tortures... Ses rêves. Mesquin? Surement un peu..

Ya pas personne qui a réussit depuis que Fabre s'est poussé. Tu pense qu'ils m'ont foutu au bout par plaisir? Je te gage Samuelle Daee que t'es pas cap de dormir une nuit complète dans mon pieu avec moi.... Et quand je parle de dormir, c'est dormir.

- Toutes les autres places sont prises alors j’aurai pas tellement le choix. J’ai dit que j’irais dormir ailleurs! Pas AVEC TOI!

Il la repousse sans effort, la manipulant comme si tous ses efforts n’étaient que source de vain agacement. Elle avait horreur de ça : admettre que le rapport de force n’était pas en sa faveur était une chose, mais voir la facilité avec laquelle il pouvait la contrôler était au-dessus de toute déconvenue.

Elle lui plaqua une épaule dans l’abdomen, essayant de le renverser contre le mur pour se frayer un chemin. Elle s’échinait de son mieux lorsqu’il la défia de dormir avec lui. Elle interrompit ses efforts, et se redressa, échevelée, les sourcils hauts reflétant son expression dubitative.

- Tu essaie de me faire peur ou si t’as vraiment encore besoin d’un doudou à ton âge? Questionna-t-elle avec une ironie mordante. C’était grossier mais elle ne pouvait pas lui avouer qu’elle savait de quelle nature étaient ses rêves. La seule personne dont le sommeil était torturé, c’était lui, Fabre n’avait jamais eu de problème. Ce que je risque de pire est de me faire crier dans les oreilles ou de me faire réveiller par tes mouvements désordonnés? Elle ricana méchamment. Je veux bien assister au spectacle! Accepta-t-elle avec une avidité qui laissait planer un doute sur ses intentions.

Le sac toujours aux épaules, Muelle ramassa draps et couverture et se tient près du lit, attendant qu’il remette de l’ordre dans l’ameublement. Elle n’avait pas l’habitude de ce genre de confort, habituée qu’elle était à dormir à même le sol, sur des empilements de tapis, fourrure et couverture. Sans se faire prier, elle grimpa dans le lit, s’y roula en boule contre le mur et ferma les yeux, bien déterminée à dormir.

Je gagne quoi si tu te pousse avant la fin de la nuit? Si tu gagne, jte laisse pieuter ici quand tu voudra.

Dit il en replacant le matelas et en refaisant le lit d,un geste expert, habitué. Il n'a le temps que d'ouvrir les draps avant qu'elle ne s'y glisse.

Halewyn s'assis sur le bord du lit et en enlève ses chausses. Il a toujours dormi flambant nu et c'est pas pour elle que ca va changer. D'ailleur, par délicatesse, il laisse une mince épaisseur de draps entre elle et lui, s'octroyant la piqueuse rugosité de la couverture de laine.

- Tu veux vraiment parier là-dessus? Elle étrécit encore ses yeux d’or. Si tu crois vraiment pouvoir me faire peur, alors montons les enchères… Si je quitte la chambre, je n’y reviens pas. Si je reste, ou si c’est toi qui quitte la chambre, tu n’y reviens pas. Laissa-t-elle tomber avec assurance, lui fournissant des raisons de s’interroger sur :pourquoi quitterait-il sa propre chambre…

Il n’avait rien à gagner à la laisser dormir là. C’était sa chambre, il était dans son bon droit. Il n’avait pas besoin de témoin de sommeil agité. Surtout pas. De son côté la métisse s’assoupissait déjà : sa respiration se fit plus profonde, soulevant ses côtes régulièrement, ses muscles se détendirent. Un sommeil confiant et abandonné. Les djinns apprécient la chaleur humaine. Après un moment, elle roula dans le creux que provoquait Halewyn dans le matelas. La tiédeur et la proximité de celui-ci l’attira et elle s’y vautra avec un soupir de satisfaction.

La facilité avec laquelle Muelle accepte et monte même les enchères sidère Halewyn. Dubitatif, il la regarde lui tourner le dos. Avance même un...

Putain, tu pourrais enlever ton sac, jle mangerai pas...

Une respiration régulière alors achève de l’abasourdir complètement. Il se met à penser.

Tu viens de faire quoi là Halewyn? ... Bon, ok... C’est super, ta une fille dans ton lit... Chouette... Heu non c’est pas cool du tout. Même Doreah reste jamais plus qu’une heure ou deux... Personne veut de toi quand tu dors, alors pourquoi t’accepte qu’elle reste dans ton lit?.,... Tes si désespéré que ca mec?... C’est pas de sa faute, je sais que j’aurais pas dû m’emporter tantôt. Elle a rien fait la Daee pour mériter ca. En une journée, elle se ramasse ici, coupée de sa famille... Quoique Pier, ca lui fera du bien de prendre des vacances de ce connard....

A ces pensées, il regarde le sac  à dos, décide que Muelle ne pourra jamais dormir le peu qu’elle réussira à dormir avec lui avec ca sur elle. Ses grands doigts fins  cherche les sangles dans le noir, commence à les défaire, comme mues par une volonté propre tandis que le cerveau carbure à 400 kilomètres a l’heure.

Pourquoi je fais ca.... Non, je devrais plutôt la ramener dans sa chambre... P’pa va hurler s’il apprend que je partage ma chambre avec elle... Ou ptet pas. Mais n’empêche... Je vais finir par lui faire mal, comme j’ai fait mal a Fabre et comme j’ai foutu la frousse aux dortoirs. Non  ce n’est pas raisonnable... Mais, elle m’a mis au défi.... Elle a couru après.... Mais, est ce que personne ne cours jamais après ca?! Repousse la avant qu'elle ne soit plus capable de te regarder en face.

Il finit de défaire les sangles et pose le sac au sol, se tortillant un peu. Pris, le souffle court, entre le désir de la ramener et celui de la garder pour une nuit, comme un petit chaton perdu... Raisonnable, il vient juste de se décider de la ramener, qu’elle hurle ou pas... Préférablement pas... Lorsqu’elle se colle sur lui, enfouissant son visage contre son épaule. Figé, Hale se sent subitement plus léger, tranquille... Calme... Ce qui augmente son angoisse d’un trait, le temps qu‘il comprenne ce qui se passe.

Le silence....
Pur silence....
Rythmé par la respiration de la métisse. Légère...  

Torturé depuis des années par ce putain de chant, le vertige le prend tandis qu’il respire a plein poumons, les yeux fermés et remplis de larmes.  Ne saisissant pas la cause à effet, le jeune guerrier se glisse hors de l’étreinte de la métisse avant d’être comme ainsi dire assommé par le retour du chant. Un peu comme si on mettais des écouteurs plein volume. Manifestement, le truc qui chante n’aime pas quand il n’écoute pas.

Hésitant, l’azur des yeux brillant comme milles étoiles, Halewyn se tourne vers la dormeuse et pose une main hésitante sur la joue de sa coloc imposée.... Avant qu’un grand sourire n’éclaire la chambre. Halewyn hurlerait de joie, danserait, si ca n’était pas de la dormeuse.

Plutôt, avec une tendresse infinie, celle qu’il a quand il s’occupe d’Arch malade(tâche qu’il n’a jamais laissé à personne d’autre que lui) il prend le corp frêle et délicat et le repousse le long du mur. Plein d’espoir pour la nuit à venir, espérant qu’il va finir par dormir sans rêver, il borde Muelle avant de se reglisser dans le lit, sur le drap. Puis, il l’attire vers lui, posant son menton sur la tête de la jeune fille et de fermer les yeux en soupirant... En paix. Sans rien pour lui casser les oreilles, il s’endort aussi vite que Daee.

Muelle est une enfant de la steppe. La sélection naturelle y est intransigeante et brutale. Peut-être est-ce une fausse impression due à son âge ou sa propre stature mais en la prenant dans ses bras, Halewyn peut se rendre compte qu’elle n’a rien de frêle ou de délicat. De longs os fins sous une musculature bien développée. Il en a plein les bras.

Quelque chose le tira de son sommeil. Une tension sur ses oreilles lui tirant la tête vers l’arrière.

- Halewyn? Tu me b-a-v-e dans le cou… énonce une voix au timbre dégouté.

La personne qu’il tient étroitement pressée sur sa poitrine acheva de le repousser en lui plaquant une paume sur le front.

- Humpf! Je savais bien que tu cherchais un doudou… Maintenant lâche-moi!

Ca le réveille? Oui, parfaitement.... Même s'il dort comme un ange, Halewyn Redinem a le réveil facile. Des années à entendre les cors et les exercices martiaux. Mais, il y a plusieurs constat a faire.

De un, il est bien et il n'avouera jamais ce fait.

De deux, il craint qu'elle s'en aille.

Alors, attentif même s'il feint le sommeil, Halewyn modifie sa prise, lui laisse prendre un peu de latitude. parce que non, mais vraiment non, il ne croira jamais qu'il lui bave dans le cou. Donc, feignant de dormir, il la coince consciencieusement entre le mur et lui. Pourquoi se priver? Ca ne risque de jamais se reproduire anyway.

En prime, il feint même un ronflement sonore.

Elle aime la chaleur humaine. Cependant son désir d’émancipation et de liberté se heurte aux délices d’une bonne nuit de sommeil dans les bras de cet étranger. Trop de proximité, de familiarité. L’esprit de Muelle est inconfortable.

- ARGL!

S’appuyant sur les avant-bras d’Halewyn, elle fit glisser sa prise autour de ses hanches et se tortilla pour sortir de là. Elle, elle ne cherche pas à se faire discrète : Elle voulait la chambre… Hors de question qu’elle se sorte de là discrètement; il irait croire qu’elle n’était pas restée toute la nuit.

- Debout là d’dans! Malicieusement, elle lui souleva les paupière, une à une. Tiens, j’avais pas remarqué que tu avais les yeux bleu… Elle lui fourra un bout de couverture dans la bouche et lui pinça les narines, l’empêchant de respirer. HOLÀ! Bon matin!!!!

Halewyn fait le mort, pour ainsi dire, le temps que de juger que la jeune fille est très motivée à célébrer sa victoire.

D'ailleur, il ne peut refréner le sourire qu'il a sur la gueule. Mais Muelle le lui fait vite ravaler en lui flanquant un morceau de couverture dans la bouche...

HMMPF!

Un brusque mouvement de tête pour se libérer et il desserre son emprise sur elle, prêt à lui concéder ce bout de victoire... d'ailleur la pénombre qui filtre de la meurtrièere bouchée lui indique qu'il est beaucoup plus tard que prévu.

Oh...

Avec la force de l'habitude, et pour épargner autant son orgeuil que celui de sa nouvelle coloc de chambre, le jeune homme s'assied sur le bord du lit et prends ses chausses qu'il enfile prestement. Il renifle ensuite sa chemise avant de décider d'aller s'en chercher une nouvelle dans son coffre.  Et c'est tandis qu'il a la tête dedans qu'il lui dit.

T'a besoin d'un coffre ou bien ca va aller?


Et, Muelle, excitée qui répond tout en sautant sur le matelas.

un coffre? pourquoi faire? Celui-là sera très bien, merci!

Et Halewyn qui fronce les sourcils.

Heu... non?... Celui là c'est le mien, je me le suis fait moi même et j'ai pas l'intention de te le fourguer. No way!

Muelle s’immobilisa.

- Ah, je croyais que tu me l’offrais… Elle eut un sourire vulpin. Parce que j’ai gagné! Cria-t-elle triomphalement. C’est ma chambre! C’est ma chambre! C’est ma chambre! Entonna-t-elle gaiment en reprenant sa danse.

Muelle sauta sur le plancher pour mettre la main sur son sac. Elle en extirpa ses vêtements roulés en boule, passablement fripés, et entreprit de les passer rapidement sous sa chemise de nuit. Parce que vivre sous la yourte laisse peu d’intimité et que ce genre de chose l’émeut beaucoup moins que la température glaciale de la pièce.

- Je ne me suis pas sauvée, j’ai prouvé ma valeur! Elle réalisa alors que la nuit n’avait rien eut de comparable à l’agitation et aux cauchemars que relatait la pierre. Tu ronfles effectivement horriblement fort! Le nargua-t-elle pour souligner le ridicule de sa hantise.

La métisse se rapprocha crânement et se planta devant lui pour le défier d’un sourire. Il eut été difficile de dire à cet instant précis à qui ou à quoi elle s’adressait, à quels aspects de la personnalité du guerrier elle faisait référence.

- Je n’ai pas peur de toi. Tu n’as nul pouvoir sur moi!

Ah, je croyais que tu me l’offrais… Parce que j’ai gagné!

Effectivement, la métisse a gagné. mais, pense t'il en enfilant sa chemise, lui aussi a gagné. Pince sans rire, il arbore son air sérieux habituel 

 C’est ma chambre! C’est ma chambre! C’est ma chambre!Entonne-t-elle gaiment en reprenant sa danse. 
C'est notre chambre... Je suis resté aussi jte rappelle. 

Reprends t'il Samuelle du tac au tac tout en alignant les boutons. 

Tranquillement, Halewyn attend qu'elle ait finit de s'habiller pour se mettre en frais d'enfiler son armure de cuir. Armure soigneusement entretenue mais qui a visiblement vécu des jours meilleurs, signe d'un vrai combattant. 

- Je ne me suis pas sauvée, j’ai prouvé ma valeur! Tu ronfles effectivement horriblement fort!


Compte toi chanceuse que j'ai juste ronflé, pense Hale en vérifiant sa spallière, elle a un peu de lousse... Il faudra arranger ca...

En relevant la tête, il voit les yeux d'ors de la métisse à un pouce des siens. S'arrête, le bleu se teitnant brièvement de gris.  


- Je n’ai pas peur de toi. Tu n’as nul pouvoir sur moi!


D'ak c'est noté,... Ta fini de faire chier maintenant? Yslaire sera pas heureux si tu te pointe pas, faque allez, brosse moi cette tignasse q'on y aille. 

Dit Hale, histoire de changer de sujet, parce que pas trop certain de ce qui se passe.

- Ce n’est pas… Commença-t-elle avant de s’interrompre.

Ce n’était pas exactement l’enjeu du pari qu’elle avait proposé mais elle gagnait quand même. Elle gagnait parce que tout le monde connaissait les rêves d’Halewyn et quel était le risque de s’y exposer. Personne n’irait imaginer que dormir avec la métisse ne soit pas un privilège alors qu’on ferait l’éloge de sa résilience. Elle devait le mettre en garde.

- C’est oncle Paul qui me brossait les cheveux. Déclara-t-elle comme une enfant vaine et capricieuse à qui on n’aurait jamais appris à s’occuper d’elle-même.

Muelle passa rapidement les doigts dans la masse plumeuse de ses cheveux pour y mettre de l’ordre et ils s’étalèrent dans son dos comme une rivière sur un lit de petits cailloux.

- Il en profitait pour me vampiriser du pouvoir. Au détriment de Pier. Mon aîné devait le soupçonné mais il n’a jamais pu le prouver parce que je ne lui ai jamais permit de puiser ouvertement dans mon pouvoir. Il n’en connait pas la dimension. Je m’opposais et il n’en a jamais soutiré qu’un filet. La pure vérité. Elle haussa les épaules. Je crois qu’on peut dire que Paul spoliait Pier.

Et elle? Ça jetait un tout autre éclairage sur les liens qui unissait cette famille. Rien n’était désintéressé. Tout se valorisait, tout s’échangeait. Restait à comprendre pourquoi elle lui parlait de malhonnêteté.

- Je ne suis pas généreuse. On m’a montré à ne pas suivre les règles. Je triche et je mens. Et je sais où tu vas quand tu rêves en marchant. Elle tapota le mur près de la porte. Parce que la pierre se souvient.

 C’est oncle Paul qui me brossait les cheveux.

Avec son air stoique habituel, Halewyn acceuille la confidence... Il ferme sa gueule parce qu'il devine que ce n'est pas fini. Il la connait à peine et il sait qu'elle est loquace.... Ca va meubler al chambre mettons. Avec un soupir résigné, il se remet à farfouiller dans son coffre, pour trouver sa brosse à lui. Mais Muelle peut être certaine qu'il écoute attentivement.  

- Il en profitait pour me vampiriser du pouvoir. Au détriment de Pier. Mon aîné devait le soupçonné mais il n’a jamais pu le prouver parce que je ne lui ai jamais permit de puiser ouvertement dans mon pouvoir. Il n’en connait pas la dimension. Je m’opposais et il n’en a jamais soutiré qu’un filet. La pure vérité. Elle haussa les épaules. Je crois qu’on peut dire que Paul spoliait Pier. 

Extrêmement complexe... Qui a dit que les Daees, les chroniqueurs étaient toujours soudés? Il y a quelque chose de pas net dans Pier. Et ce n'est pas que de la jalousie. Pousser un peu et il le traiterait de psychopathe.

Un peu de pouvoir bien utilisé vaut autant que toute l'énergie gaspillée.  

Il se redresse, brosse à la main. une solide brosse en poils de sanglier.

- Je ne suis pas généreuse. On m’a montré à ne pas suivre les règles. Je triche et je mens. Et je sais où tu vas quand tu rêves en marchant. Elle tapota le mur près de la porte. Parce que la pierre se souvient. 

Hale blêmit. Puis rougit de honte. Parce que cet aveu le gêne terriblement et que quelqu'un sache le met dans l'embarras. Se mettant à se brosser ses cheveux, longs, au dessous des épaules, de ce noir teinté d'un rouge sombre, il essaie de se donner contenance. Ca lui donne le temps de réfléchir  aux conséquences d'un tel aveu.

Parce que ca le met en position de vulnérabilité. Une position qu'il s'efforce de ne pas être. Et, en 48 heures, il l'a été deux fois.... Bouleversé, cherchant les mots, il ouvre la bouche a plusieurs reprises avant de la fermer.

Tu sais Muelle... Personne me l'a jamais demandé... a quoi je rêvais... Et je veux pas que ca se sache... C'est mon combat, pas le tien....


Dernier coup de brosse, puis il lui fait signe de se placer.

C'ta ton tour.

Muelle inclina la tête vers l’avant, le regardant par en dessous de ses yeux jaunes.

- Tu rigoles? Je ne te connais même pas! Fit-elle en reculant prudemment vers la porte. Bas les pattes! ordonna-t-elle avec une agressivité soudaine.

Dormir avec lui, lui avouer qu’elle maîtrisait une magie qui ne lui appartenait pas et dont personne ne connaissait les limites, partager ses secrets, ça ne comptait visiblement pas pour les rentre intime. La métisse se glissa par l’ouverture et referma la porte en s’y appuyant de tout son poids. VLAM! Halewyn entendit sa fuite dans le corridor. Rapide, le pied léger…

Elle avait eu conscience de ce que faisait Phil. Elle avait eu confiance en son affection mais ça ne l’avait pas empêché de l’abandonner. Les djinns sont très sensibles aux émotions humaines. Muelle s’était juré que plus personne ne la lierait comme il l’avait fait. Elle avait été si près de lui qu’elle avait froid près des autres.

2 SEM POST CATACLYSME

Apres son moment avec Xoramen, Halewyn décide qu'il est temps e prendre le taureau par les cornes... Fuir il hais ca et ca suffit. Muelle est la seule personne qu'il est certain de ne pas blesser... physiquement du moins. Mais il la connait... Et Xoramen lui a dit ou la trouver la nuit.

D'ailleur, en ouvrant la porte de sa chambre, ce qui le frappe est le froid et l'humidité. Ca lui prend une bonne heure changer les draps, secouer la paillasse et préparer le charbon pour chauffer cette nuit.

Premier constat, son silex est introuvable... Bon... Au moins tout est prêt.


Arrivé a la chambre de Morgane, Halewyn toque à la porte avant d'ouvrir. Avise les 4 têtes....

- Salut la compagnie! Fabre ca va? t'a l'air coincé entre Robin et Muelle...Morgane, je trouve pas mon silex, tu me passerais un charbon pour m'allumer?

Elle les squates depuis 2 semaines. Ils vivaient déjà à 3 dans cette chambre minuscule, partageant le même lit. Elle s’était imposée et si Robin avait longuement tempêté, aucun d’entre eux n’avait vraiment été capable de la repousser. Philippe leur avait parlé de sa nature de djinn. Ceux-ci sont sensibles à la chaleur humaine. Xoramen, personne n’en doutait, en dégageait très peu. Et Morgane, en particulier, n’avait pas été capable de lui fermer la porte. Fabre, lui, n’avait émis aucune objection mais avait longuement soupiré.

Depuis 2 semaines, donc, elle dort, presque encastrée entre Morgane et Fabre. Robin tient dangereusement en équilibre sur l’extrême rebord du lit.

- Certainement Halewyn! Sers-toi!
- Ouais ta paillasse doit être horriblement froide et humide… On t’invite pas, ici on est complet, tu comprends?!?

Muelle ne fit aucun commentaire, appuyant sa tête contre la poitrine de Morgane, cherchant les battements de son cœur. Morgane l’enlaça affectueusement, un sourire contenté étirant ses lèvres.

- Hey! Un instant! Fit Robin en se redressant dans le lit. Halewyn est de retour! Et il va grelotter seul dans le noir et le froid humide de sa chambre toute la nuit!… Muelle? Ne rate pas ta chance de te rendre utile! Hop! Halewyn, je te présente ta bassine personnalisée!
- Euh? Pas question! Vas-y, toi!
- J’ai des droits acquis sur cette chambre! On est trop ici! On est déjà trop à 3! À 4 c’est impossible… On vivait une situation désespérée, mais Halewyn est là maintenant…
- Mais…
- On passe au vote! Qui souhaite que Muelle change de lit? Fit Robin en levant sa propre main.

Morgane serra Muelle dans ses bras, un sourire de matou sur sa figure, secouant la tête négativement. Robin lui dédia un regard assassin puis chercha l’opinion de Fabre. Fabre allait devoir trancher. Fabre détestait ce genre de situation. Il soupira profondément. Et leva sa main à contrecœur.

- Désolé Muelle… Mais on est vraiment à l’étroit…
- Tu vas laisser faire ça?
- Désolé Muelle, c'est la démocratie...

La métisse eut un reniflement méprisant, ramassa sa couverture et se releva, leur marchant dessus sans faire attention et sans s’en cacher pour descendre du lit. Elle passa à côté d’Halewyn, le menton haut, le bousculant au passage pour franchir la porte.

- Je vais dormir avec Xo, alors.

Halewyn remarque l'attitude de Morgane. Et se rend compte que Muelle a beau être ce qu'il qualifierait d'âme soeur, il ne se mettra pas sur le chemin de son ainé. Parce qu'il en a toujours été ainsi.

Désolé Morgane. J'ai rien demandé et ca l'air que les gars veulent pas se sacrifier pour toi. Je te la ramène en un morceau demain matin.

Refermant la porte,il rattrappe la métisse en deux enjambées, empoigne la couverture qui traine par terre et lui entortille les bras et le thorax dedans avant de la prendre en remorque doucement mais fermement.

Allez fais pas ta sainte nitouche, on a dépassé ce stade. Xoramen a pas de charbon anyway, tu va grelotter... T'inquiète au cas ou,j'ai fait mon testament, t'hérite de tout mes trucs et d'une quantité appréciable de charbon. Tu pourra me tuer dans al nuit si tu veux, je prend le risque.