Champ d'exercice sous la falaise

Xoramen se mît en tête de ne pas trop nourrir d'espoir à ce sujet. Halewyn n'allait jamais accepter par lui même si elle le lui proposait. Peut être croyait-il pouvoir faire tout ça tout seul ? De toute manière, il lui avait répété a quelques reprises qu'il ne la laisserait pas faire. Faire quoi, elle ne savait pas trop, mais elle se doutait que selon lui, c'était tout à fait légitime. Elle se contente d'hocher la tete. Non, elle n'ira pas voir Meledwen. Pas a ce sujet du moins. Elle avait assez cherché à tendre la main à Halewyn, il l'avait prit, puis rejeté, la prochaine fois, c'est lui qui viendra a elle et elle lui imposera ses conditions. Elle allait pour l'instant se contenter de le surveiller pour éviter tout drame. Halewyn avait rejeté la magie et pire, il avait repoussé Xoramen par deux fois. Que Xoramen soit une méchante sorciere n'empêchait pas qu'elle n'était pas du genre à se faire rejeter trois fois. Deux, c'était amplement et, pour une sorcière de sa réputation, le fait que Halewyn ne soit pas déjà anéanti et/ou transformé en quelque chose de pas naturel était presque honteux. Oh oui, elle lui avait certes botté les fesses mais c'était bien clément pour une Chimerienne.

Elle observe Meledwen qui rejoint Halewyn et Doreah, puis lève les yeux sur Max lorsqu'il lui demande si elle peut marcher. Tout son être devient soudainement contrarié et de manière évidente. Son regard s'assombrit si c'est possible et son maintient change et, bien qu'elle soit assise, hurle de quel trempe et la sorcière.

- La seule question que tu devrais te poser, Max, c'est de savoir si tu m'inspires assez d'intérêt pour que j'ai un tant soit peu de clémence envers toi que j'en ai eu pour Halewyn. À ta place, je ne me ferais pas trop d'illusions, le condamne-t-elle, impitoyable. Je n'ai pas besoin d'aide et encore moins l'aide de quelqu'un qui préférerais etre n'importe où ailleurs plutôt que d'avoir reçu cet ordre. Dégage, ordonne-t-elle.

Xoramen serre la mâchoire et prend appuie sur sa jambe saine avant de se relever, un peu chancelante certes, mais elle tient debout. Droite et fière, elle jette un regard circulaire a l'endroit, défiant qui que ce soit de s'approcher.

Durant un battement de coeur, elle se décompose en voyant apparaître Muelle. C'est presque un apparition, parce qu'elle ne l'avait pas du tout vu approcher. Depuis combien de temps elle est là ? Elle... Muelle n'était pas dans l'équation du sortilèges visant à cacher ce qu'il et ce qu'elle a fait. Et voir Arch approcher derrière lui plait encore moins. Bon sang... mais elle ne dit rien, si jamais... elle se contente de relever le menton et de poser les yeux sur Max, sévère.

- Je sais... mais encore faut-il qu'il écoute. De toute manière, ils sont peu, ici, à comprendre la nuance, note-t-elle en essayant de ne regarder personne en particulier.

Elle pose le pied de sa jambe blessée au sol et fait un premier pas, la mâchoire serrée. Elle a un tressaillement de douleur qu'elle tente de dissimuler. La flèche a beau n'avoir pénétré que d'un demi pouce, selon Meledwen, dans la cuisse de Xoramen, c'est tout de même assez conséquent. Et elle doute que ce soit si peu profond. Xoramen reste convaincue que la pointe a toucher l'os, elle a senti l'impact dans tout son corps. Et puis c'est pas comme si Meledwen avait pu déterminer à quelle profondeur est entrée la flèche, elle y a versé le désinfectant dès que la flèche a été retirée. Elle exagère sans doute, mais elle essaie de ne pas trop y penser.

Elle aurait bien ramasser la dague, mais elle est déjà debout et elle n'imagine pas prendre la peine de se baisser pour la ramasser. Et pas de danger que Max la lui récupère, note-t-elle d'un claquement de langue désapprobateur.

Bien, Muelle récupère la dague et c'est bien comme ça. Xoramen est surtout préoccupée à faire une sortie relativement brillante et elle sait bien que sans support, elle n'y arrivera pas. Enfin, si, mais pas sans grimace et couinement de douleur. Elle a quand même reçu une flèche dnas la cuisse et bien que Meledwen l'ait pansée, marcher dessus est douloureux.

- C'est gentil, dit-elle d'un ton peut-être un peu sec, mais surtout concentré sur la douleur et la marche que sur le service rendu.

Que Muelle vienne se glisser son son bras pour l'aider à marcher, c'est plausible et si leur famille respectives sont en conflit, les deux jeunes filles ne le sont pas personnellement. Et comme leurs familles les ont abandonnées ici, eh bien voilà. Mais que Arch vienne aussi la soutenir, ça la contrarie un peu. D'autant plus qu'il balance simplement qu'elle ne doit pas s'en faire, qu'il a la vue basse. Elle s'en méfie tout de suite. elle lui jette un regard de biais.

- Mieux vaut pour toi, dit-elle d'une voix ferme, malgré la douleur.

Depuis qu'elle tente d'aider Halewyn, Xoramen n'a pas vraiment réussit à faire quoique ce soit de bien. Chaque fois, ça s'est mal passé pour Halewyn. elle aimerait bien que ça cesse. Elle doit trouver un moyen de lui faire servir de sa magie sans que tout n'explose ou qu'il se retrouve mal en point chaque fois.

Discrètement, et elle est douée, elle suit Halewyn depuis quelques jours déjà. Oh, pas partout, elle a aussi autre chose à faire, mais elle cherche un moyen de lier la magie et Halewyn, autrement que par la douleur et des blessures. C'est en le voyant s'entraîner avec Doreah que Xoramen comprend que ça ne sera pas possible de le faire sans douleur. Si Halewyn arrive à être naturellement discret et à se fondre dans les ombres, Xoramen peut compter sur ses connaissances et sa maîtrise de la magie. Elle quitte l'ombre de la falaise et marche le long du chemin qui encercle l'aire d'entraînement.

- Et maintenant, vous faites quoi ? Pour survivre tous les deux ? interroge-t-elle, comme s'il avaient déjà su qu'elle était là, à les observer.

- Moi. Moi, j'ai parlé de survivre, répond-elle comme si Halewyn avait vraiment posé une question.

Elle reste de marbre face à l'air surpris de Doreah. Ellew reste de marbre assez longtemps en fait. Du moins en ce qui concerne Doreah. Elle ne manifeste aucune animosité, pas plus que de sympathie d'ailleurs. Elle ne la regarde même pas lorsque Halewyn prétend qu'il cherchait Xoramen. La sorcière fixe plutôt Halewyn. Elle hoche la tête.

- Je sais, dit-elle, sachant qu'il l'a effectivement cherché, elle l'a ressentit.

Elle ne se mêle pas du dialogue entre Halewyn et Doreah. Ça ne la concerne pas. Du moins ça ne la concerne pas si Doreah ne s'interpose pas entre Halewyn et elle. Mais elle ne fait pas non plus semblant de leur laisser une quelconque intimité. Sa présence et manifeste. En fait, sa seule réaction c'est lorsque Doreah annonce qu'elle croyait que la magie d'Halewyn est un oui-dire. Xoramen roule des yeux. Pauvre petite idiote.

La sorcière ne commente pas lorsque Halewyn renvoie Doreah. C'est quand même parlant comme réaction. Tout comme la demande de la jeune femme. Xoramen se contente d'hocher la tête. Elle fera son possible, mais avec Halewyn, c'est pas gagné. Mais elle ne le fait pas non plus à la demande de Doreah. Xoramen n'a jamais vraiment voulu maltraiter Halewyn. Enfin, peut-être que si, mais pas tant que ça.

Doreah quitte l'aire d'entraînement et c'est seulement à ce moment que Xoramen pose un pied sur le sable. Elle hausse un sourcil. Ce qu'il peut faire pour elle ? Il ne peut rien faire pour elle.

- Tu sais, elle n'y croit pas du tout. Elle ne croit qu'en ce qu'elle voit. Ou imagine, précise-t-elle d'un ton parfaitement neutre. Et c'est quoi cette histoire d'autorisation ? Est-ce que c'est parce que tu crains de l'effrayer que tu repousse le moment ou elle devra bien se rendre à l'évidence ? La question est pertinente. Xoramen sait déjà que Halewyn est très préoccupé par l'idée de blesser quelqu'un. Ou c'est juste parce que tu veux maîtriser pour pouvoir l'impressionner avec autre chose que ce que vous maîtrisez déjà parfaitement tous les deux ?

Elle a bien vu que cette chorégraphie bien orchestrée est routinière. Doreah n'a pas vraiment d'imagination. Sauf en ce qui concerne Halewyn et son avenir avec lui. Là pour ça, Xoramen ne doute pas du tout de son imagination... quoique...

- Tu es l'élève et je suis le professeur. Tu ne peux rien faire pour moi, excepté être bon élève, note-t-elle, mais tu n'as rien d'un bon élève précise-t-elle avant de glousser et de passer à côté d'Halewyn et de se diriger vers le centre de l'aire de combat.

Elle se retourne et fixe Halewyn un moment, l'air indéchiffrable. Elle semble réfléchir quelques secondes, puis elle se retourne et fait face à Halewyn se demandant s'il est sérieux ou pas.

- Elle me le reprocherait ? Elle glousse. Oh, ne t'en fait pas avec ça, elle me le reproche déjà. Et elle a raison. C'est une affirmation stoïque. Ce n'est pas un test. S'il y en avait eu un, tu l'aurais échoué, si tu me cherchais et tu ne m'as pas trouvé, dit-elle, stricte, avant de s'adoucir. Non, je t'observais, informe-t-elle avec un naturel déconcertant. Je crains que ton apprentissage de la magie soit douloureux et intense, autant pour toi que pour moi Elle sourit. Mais ne t'en fait pas j'ai l'habitude.

Xoramen sourit. Elle apprécie qu'il s'inquiète. Le contraire l'aurait contrarié.

- Tu es devenu le guerrier que tu es sans douleur ? Ce sera tout pareil, Halewyn. Elle sait qu'il n'appréciera pas ce qu'il va entendre. Tu sais, quand je t'ai dit que Zorehira adorerait s'approprier ta magie. C'est parce que c'est vrai et si elle en a la chance, elle le fera. Ta magie est en parfaite complémentarité avec qui et ce qu'elle est. Je la reconnais en toi.

- C'est parce que tu as apprit à te battre avec des armes de bois, ou recouvert de tissus épais, ce qui rend les armes moins dangereuses. Avec la magie, il n'y a pas de version moins dangereuse, à moins de bien savoir se défendre.

Elle reste stoïque et immobile, même lorsqu'il se met à tourner autour d'elle. L'explication pourquoi elle n'est pas très enthousiaste à l'idée que Zorehira s'approprie son pouvoir est un peu différent de ce qu'il peut croire.

- Oh, je n'ai pas très envie qu'elle l'ait trop facile lorsqu'elle te volera ta magie. Et en même temps, je saurai me défendre lorsqu'elle voudra en tester les effets.

Il faut bien le provoquer un peu, c'est la seule manière de l'atteindre. Xoramen pointe Halewyn et recule de quelques pas.

- Choisis tes armes et attaque.

- Je ne risque pas grand chose alors, dit-elle, souriante, en ouvrant lentement les mains.

Et elle attends. Elle voit bien qu'il hésite, mais soit il a confiance en ses capacités, soit il fait seulement ce qu'elle lui demande. En tout cas, elle remarque tout de suite que si le coup s'annonce puissant, il frappe du plat de la lame. Elle balaie l'air de sa main, presque agacée par la facilité. La lame bifurque et prend la tangente, allant frapper l'autre lame.

- Tu vois, je ne risque pas grand chose, dit-elle, d'un ton suffisant. Alors tu vas me faire le plaisir de t'appliquer et de me montrer la première routine d'attaque qui te vient en tête. Elle attend, patiente, puis s'impatiente et soupire. Halewyn ! Elle hausse les épaules. Tu as des principes et tu ne veux pas attaquer une fille désarmée ? D'accord. Elle marche droit vers les barils contenant les armes et les renverse d'un coup de pied. Que me suggères-tu ? Elle hoche la tête. C'est toi le guerrier, moi je sais que me défendre.

Elle écoute les conseils d'Halewyn, comme si c'était lui professeur. Elle ne dit rien tout de même pour ne pas le contrarier. Elle sait comment se défendre, elle connait la base des armes. Si elle suit ? Conciliante, elle sourit, sans préciser que oui, elle suit très bien parce qu'elle sait tout ça.

- Oh, ça, je peux te le dire tout de suite, dit-elle en se mettant en position. Nulle en attaque, imparable en défense.

Halewyn se lance et comme elle a dit, elle pare les coups avec une résistance surprenante. Elle cueille les coups avec une souplesse assurée et elle repousse avec une vigueur qui étonne. Si Halewyn suit une routine, Xoramen, elle, ne la connait pas. Et si elle l'a vu, elle n'en a visiblement rien retenu. Mais en y regardant bien, il semble que oui, parce que ses mouvements devancent presque ceux d'Halewyn et même qu'après un moment, elle semble mettre beaucoup trop d'amplitudes dans ses mouvements. Elle cueille délicatement les cimeterres, que ce soit avec la dague et l'épée courte. Elle danse presque. Si elle semble concentrée, elle sourit. Elle s'amuse.

Xoramen s'amuse. Habituellement, elle se bat pour sa vie ou elle affronte Zorehira et ça n'a rien à voir. C'est amusant. Divertissant. Elle n'use presque pas de magie. Elle ne s'en sert que pour repousser les lames d'Halewyn. Le jeune guerrier change la routine et aussitôt, elle s'adapte à ce nouveau changement. Il a beau tenter des feintes, ses lames sont toujours dans la trajectoires des siennes. Elle sourit également. Un sourire concentré, mais son regard est brillant.

- Tu connais ces gestes par coeur. Refait la routine, Halewyn et essaie d'appeler ta magie. Tu l'as fait, près du lac, tu peux le refaire. Ressent la en toi. Laisse-la circuler.

Le coup suivant d'Halewyn fut escorté d'une forte odeur d'humidité et il n'y eut aucun bruit de choc entre les lames, parce qu'elle ne se touchèrent pas.

Xoramen suit les modulations dans les coups d'Halewyn. Si elle ne sait pas attaquée, de toute manière, elle n'essaie pas, puisque lorsque Halewyn recule, elle n'avance jamais. Elle sent la magie s'intensifier, mais ça ne vient pas d'elle. Elle le sait. Ravie, elle apprécie l'effet que la magie a sur les coups données par Halewyn, jusqu'à ce que les cimeterres s'enflamment. Halewyn sursaute et lâche les cimeterres en s'exclamant de manière fort peu convenable. Xoramen, elle, éclate de rire.

- Le feu ! Elle se met à marcher et elle tourne autour d'Halewyn. Oui, le feu ! C'était évident ! Le feu te va bien ! Il est passionné, agressif, il est brûlant, dit-elle en tournant et en faisant face à Halewyn. Elle pose la pointe de son épée sur son torse et commente. Et toi aussi, affirme-t-elle.

Elle plante les deux pointes dans le sable et tourne sur elle-même, faisant voleter sa robe autour d'elle dans un claquement sec. Elle fait quelques pas, puis dans un tourbillons de jupons et de piécettes, elle s'assoit dans le sable. Toujours aussi souriante, elle pointe des deux index le sol devant elle.

- Viens t'asseoir, nous allons faire du feu.